Je m’appelle Louise, j’ai 22 ans et j’ai rejoint la Wild Chimpanzee Foundation dans le cadre d’une mission de volontariat d’un an. Ma mission consiste à poser des caméras pour recenser les animaux au sein du Parc national de Taï, situé à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Au cours de ma première semaine de découverte de la forêt, j’ai eu l’occasion de vivre une expérience incroyable que je souhaite partager avec vous !

Je passe ma première semaine en forêt au sein du camp d’écotourisme, accessible après 2h30 de marche. Je suis agréablement surprise par le camp et la qualité de l’aménagement. Je me demande comment certains éléments ont pu être transportés jusqu’au cœur de la forêt, comme l’arche en métal positionnée au-dessus de la table à manger !

Le lundi, jour de notre entrée en forêt, correspond au jour de mon 22ème anniversaire : je suis ravie de célébrer cette journée au cœur du Parc national de Taï, immergée dans la forêt tropicale.

La semaine a été pleine de surprises. Le mardi, j’ai accompagné deux des écoguides, Nicole et Fernand, lors de leur activité de suivi des mangabeys. Les écoguides ont beaucoup de connaissances sur la faune et la flore locales, ce qui a rendu cette première journée de terrain très enrichissante.

Une discussion avec Fernand concernant les éléphants et le potentiel d’observation dans le Parc me reste en tête. Parmi ses collègues, Fernand est apparemment celui qui en a vu le plus : trois observations en deux ans de travail, dont une fois avec des touristes venus observer les mangabeys. Je rêve de voir des éléphants, étant personnellement passionnée et fascinée par ces animaux. Fernand m’informe que si je suis chanceuse, je pourrais peut-être en voir, même si j’en doute intérieurement.

Nous quittons le camp à 6h le lendemain matin à la recherche des chimpanzés, en suivant le protocole suivant : nous marchons pendant un kilomètre puis nous nous arrêtons pour écouter 1h, 1h30. Tous les trois assis sur nos bâches à écouter la forêt, nous entendons un son qui retentit à une centaine de mètres. Je reconnais ce bruit… Un barrissement ! Nous nous levons aussi discrètement que possible, même si à ce moment-là, je suis certaine de faire beaucoup plus de bruit qu’un animal pesant 50 fois mon poids ! Nous marchons une centaine de mètres puis nous nous cachons dernière un arbre après avoir entendu les bruits de branchages qui craquent se rapprocher. Les sons se font de plus en plus nets et au bout de quelques minutes d’attente, des branches commencent à bouger à vingt-cinq mètres devant nous. Un éléphanteau apparaît, suivi quelques instants après par un éléphant plus imposant. Ils restent difficiles à voir du fait de la densité de la végétation.

L’éléphant adulte bat des oreilles en attrapant des végétaux avec sa trompe afin de se nourrir. Nous restons aussi immobiles que possible. Au bout de deux minutes, il lève sa trompe dans notre direction puis, quelques secondes plus tard, le bruit d’un bulldozer arrive à nos oreilles. Les éléphants ont senti notre odeur et s’enfuient à une vitesse incroyable. En moins de temps qu’il nous faut pour comprendre ce qu’il se passe, ils ont disparu au cœur de la forêt. Quelle expérience incroyable, je me sens si chanceuse ! Ces quelques minutes sont passées vite mais étaient particulièrement intenses. Après cela et jusqu’à notre retour au camp en fin de journée, nous sommes tous les trois restés dans nos pensées, ravis de cette rencontre inattendue.

Les dernières journées en forêt ont été plus calmes mais riches d’autres rencontres animales, marquées par des affrontements vocaux entre des mangabeys non habitués, des cercopithèques dianes et des cercopithèques hocheurs, des passages de céphalophes, des bruits d’éléphants au loin, des papillons aux couleurs vives… La vie au camp est également agréable : discussions avec les touristes ou les membres de l’équipe, jeux de dés, siestes dans le hamac et des nuits réparatrices en étant bercée par les bruits de la forêt…

Je ne suis pas prête d’oublier cette première semaine riche en découvertes et en émotions. Je n’ai pas eu l’opportunité d’observer des chimpanzés mais il faut garder des surprises pour les prochaines missions en forêt !